Contrairement
à la perception qui prévalait
dans
les années 1970, l’uranium est
relative-
ment
abondant dans la nature.
Le prix
alors très élevé de l’uranium a favo-
risé
l’exploration et conduit à la découverte
de
gisements importants dont certains ne
sont
pas encore exploités. C’est le cas pour
deux
gisements majeurs, l’un au Canada
(Cigar
Lake), l’autre en Australie
(Jabiluka),
faute notamment d’une demande
suffisante
et d’un prix de marché garantis-
sant
leur rentabilité pour le producteur.
La
totalité des ressources géologiques
en
uranium n’est pas connue avec certitude et
cette
notion ne présente que peu d’intérêt
pour
évaluer le potentiel de production
d’uranium dans les années à venir.
En
effet, les réserves en terre réellement dis-
ponibles
pour l’industrie nucléaire doivent
intégrer
la notion de viabilité économique
qui
guidera, in fine, le développement ou
non de
gisements associés à ces réserves.
Classiquement,
l’industrie nucléaire se
repose
sur les données publiées conjointe-
ment
par l’AIEA et l’OCDE dans le “Red
Book”
pour évaluer les réserves d’uranium.
Ces
données distinguent les ressources
selon
trois catégories principales :
• ressources raisonnablement assurées
(RRA),
• ressources supplémentaires estimées
(RSE),
• ressources spéculatives (RS).
La
World Nuclear Association (WNA),
organisation
non gouvernementale basée à
Londres
et qui rassemble tous les acteurs
(producteurs
et consommateurs) du marché,
a
développé une autre méthodologie pour
évaluer
et classer les réserves d’uranium. La
définition
de ces “réserves” est plus précise
que
celle des “ressources” selon l’AIEA.
Selon
ces deux sources, on peut estimer le
total
des réserves d’uranium du monde, à un
coût
de production inférieur à 40 US $ par
kg d’uranium, à plus de deux millions de
tonnes
d’uranium, ce qui représente plus de
30 ans
de besoins des réacteurs existants. Si
l’on
considère des coûts de production jus-
qu’à
80 US $ par kg, le montant des réserves
peut
être doublé, soit plus de 60 ans de
consommation
du parc actuel de réacteurs.
En
majorité ces réserves sont exploitables
de
manière conventionnelle, c’est à dire soit
à ciel
ouvert soit en souterrain. La part des
réserves
exploitables par la technique de
lixiviation
in situ (ISL) est assez faible. Elle
présente
l’avantage d’un coût de production
relativement
bas pour des gisements à faible
teneur,
qui ne seraient pas exploitables éco-
nomiquement
par les techniques classiques.
Mais
elle implique des conditions géolo-
giques
particulières, limitées aujourd’hui
aux
Etats-Unis, à l’Asie Centrale
(Kazakhstan,
Ouzbékistan, Mongolie) et à
certaines
régions de l’Australie.
Pour
une minorité de projets, l’uranium
est
un
co-produit ou un sous-produit (générale-
ment
associé à l’or, le cuivre, le tungstène,
ou
l’argent). Ceci permet d’accroître l’inté-
rêt
économique de son extraction, qui peut
rester
rentable pour des prix de marché très
bas.
Les projets de ce type sont en Afrique
du Sud
(mines d’or) et en Australie (mine
géante
d’Olympic Dam).
Trois
pôles géographiques principaux : le
Canada,
l’Australie, et le Kazakhstan, totali-
sent
environ les 2/3 des ressources
mondiales.